MAIRIE DE THURE




Historique


Patrimoine


PATRIMOINE


     L 'histoire de Thuré se lit dans les différentes demeures qui ornent notre commune.

     Elles disent que le pouvoir appartenait il y a longtemps aux puissantes personnes qui les possédaient, et que les terres cultivées par les paysans devaient fournir de quoi payer les impôts des seigneurs, du Roi et de l' Eglise.

     Bref, derrière la beauté des vieilles pierres, on trouve les traces de ceux dont les fermes (la borderie, disait-on souvent) ont disparu, ou se sont transformées et servent maintenant à d'autres usages que le travail agricole.

     Certaines de ces belles demeures ont elles-mêmes été rachetées au fil des ans. Rares sont celles qui sont restées entre les mains d'une même famille. Si elles sont toujours là, c'est souvent au prix de multiples modifications, qui marquent à leur tour des époques très différentes. Ne vaut-il pas mieux un manoir médiéval transformé en maison de campagne que plus de manoir du tout ?

     C'est une gentilhommière de ce type qu'on aperçoit à la sortie du bourg de Thuré, route de Sossay. La Barbelinière appartenait au Moyen-Âge aux Marconnay, une puissante famille qui possédait d'autres " hôtels " dans les environs. Cette famille avait pour chapelle Notre-Dame du cimetière, dans le bourg, près du presbytère et de l'église Saint-Pierre. On y enterrait les Marconnay et les membres des différentes familles qui ont possédé l'autre manoir du village, la Massardière. Mais au gré des héritages, des mariages, la Barbelinière a souvent changé de main, et au XIXe siècle elle a profondément été remaniée. La chapelle elle-même a été vendue sous la Révolution, et transformée en maison d'habitation, juste derrière le monument aux morts de la guerre de 14-18.

     La Massardière a gardé plus de traces de son lointain passé. C'est un petit joyau qu'il faut dépasser, quand, allant vers les bois au-delà du LPAH, on redescend la colline qui isole un peu la maison du bourg. On se retourne alors et l'on admire le spectacle.

     Il y avait à l'origine un logis médiéval dont subsistent une tour rectangulaire au sud-est, et une tour octogonale qui, selon la mode du Poitou (visible encore dans d'autres maisons anciennes de Thuré, comme celle qui clôt le bourg en direction de Sossay) abrite un escalier à vis. Puis à la Renaissance, les propriétaires y ont accolé une galerie à l'Italienne, et une chapelle aujourd'hui disparue. Aux siècles suivants ont été rajoutées des dépendances de part et d'autre d'une cour actuellement gazonnée, le tout fermé au nord par une balustrade et un bel escalier pour accéder au parc. Un pigeonnier (ou fuie, dans le Poitou) complète l'ensemble vers l'est. Seuls les nobles avaient le droit de faire construire une fuie, et le nombre des abris (boulins) ménagés à l'intérieur indiquait qu'elle était la surface de terres dépendant de la propriété.

     Ces terres étaient alors cultivées en céréales et en vignes, sur les pentes et en plaine. Les nombreuses caves creusées dans le tuffeau pour en extraire la pierre des maisons servaient à abriter les barriques, le bétail, parfois les habitants quand les temps devenaient dangereux, ou le froid trop vif. Des souterrains en partaient souvent, rejoignant sous la colline d'autres maisons ou d'autres abris. La vigne était soigneusement entourée de murs, et les clos ainsi délimités portaient, quand on y plantait de jeunes ceps, le nom de … La Plante.

     La demeure qui porte aussi ce nom, à l'écart du bourg, en direction d'Antran, est si bien placée que la vue porte jusqu'au panache de fumée de la centrale de Civaux. Elle a été construite en 1813 par un gros fermier de Thuré, René BARBOTTIN, qui avait aussi une boutique de mercerie à Châtellerault. Avec deux ailes et une belle terrasse, elle signale l'époque du romantisme en architecture, fait de simplicité et d'élégance. Elle appartient toujours aux descendants de son bâtisseur.

     Ce n'est pas le cas des deux beaux domaines que l'on trouve à Besse. Loin du bourg, aux portes de Châtellerault, Besse avait sa chapelle et ses seigneurs, à Brenusson et à Beaurepaire. De ce dernier on aperçoit depuis la route de Scorbé, le groupe compact de maisons qui ont peu à peu occupé l'espace de la cour, ainsi que quelques tours rondes ou rectangulaires aux toits à fortes pentes caractéristiques des constructions médiévales. Une famille de nobles vénitiens, les Saussay, l'a longtemps possédé. Brenusson, au contraire, a souvent changé de main, mais a conservé sa forme de grosse ferme dominée par un porche sous lequel passe un chemin.

     Autre témoin conservé quasiment sans rupture au sein d'une même famille : la Merveillère, construite en XVIIe siècle près du moulin à eau que possédait la famille de Frémond depuis le Moyen-Âge. Au beau logis de style classique flanqué d'un pigeonnier ont été rajoutés pour en faire une élégante demeure de campagne, une verrière et deux pavillons. Le domaine fut pendant une courte période possédé par René Androuet du Cerceau, qui participa à la construction du pont Henri IV à Châtellerault, mais les de Frémond le rachetèrent bien vite. De grands cèdres le signalent près de la route qui mène aux Blanchards.

     Le tableau ne serait pas complet si l'on passait sous silence le centre du bourg, ce qui fut le cœur du pouvoir seigneurial, puisque ses possesseurs avaient un pouvoir de haute justice (de vie ou de mort) sur les habitants : le " palais ", peu visible depuis la place. On en voit, quand on vient de Scorbé, la seule tour restée debout après une dégradation cruelle. C'était un château, petit certes, mais fortifié, sans doute au moment de la guerre de Cent ans, par les évêques de Poitiers qui possédaient le fief. Passé aux mains de seigneurs laïcs à la fin du Moyen-Âge, il avait été agrandi par deux longs corps de bâtiments de part et d'autre de la cour. Les bâtiments de gauche abritaient les cuisines, et ne se signalent guère aux visiteurs : tout l'espace de la cour, partagé peu à peu après la Révolution, disparaît maintenant sous les constructions.

     Enfin, on ne peut pas laisser dans l'ombre l'église Saint-Pierre : c'est elle que l'ont voit à des kilomètres à la ronde, elle qui constituait le cœur de la vie du village, qu'elle rythmait par les sonneries de ses cloches et par les messes nombreuses. C'est une grande église pour une grande paroisse. Elle date du XIIe siècle par son chevet roman, du XVe siècle pour sa nef gothique, et sous son porche ajouté au XVIIIe siècle, se tenaient avant la Révolution les assemblées du village, après la messe du Dimanche, quand il fallait régler les problèmes de la communauté.

     Toute cette histoire est là, à notre portée. Un écrivain, Maurice Bedel, a aimé notre région au point d'y acheter une maison de campagne près de la route de Richelieu, la Génauraye. Il n'a pas raconté l'histoire de Thuré, ni sa géographie, puisqu'il a décrit le paysage qu'il avait sous les yeux depuis sa maison. C'est la colline de la Martinière, au-delà des limites de notre commune qu'il évoque dans sa " Géographie des mille hectares " et dans son " Histoire des milles hectares " mais il exprime bien à son propos la tendresse qui peut naître pour ce pays du Châtelleraudais que nous vous invitons à découvrir et à aimer à votre tour.